218 Läufer, nur 192 Finisher. Mein Platz 176 ist für einen Traildebutant kein schlechtes Ergebnis
auch Christian beurteilte den Trail als äüßerst extrem und hart : Bericht
Forerunner Höhenmessung: + 2945 M / -2929 M/ 50,95 km
TRAIL DU PAYS DE WELCHE : IL O FO , IL O FO 12.07.09 Auteur : Joe Kelbel Le welche, (en allemand Welsch) est un dialecte gallo-romain parlé dans cinq vallées des Vosges qui représentent un ilot linguistique dans l’Alsace alémanique. Le welche-trail n’a rien à voir avec le Welschlauf dans le Steiermark autrichien, il offre plus de dénivelé (2200 mètres) et une distance supérieure (50 kilomètres). Le patois welche est toujours parlé localement et les rivalités franco-allemandes lui ont toujours donné de l’essor. Pour les Alsaciens, les pratiquants du welche avec leur patois roman sont des opposants au dialecte allemand. Jusqu’aux sommets où le trail passe on pratique le welche ; ce qui n’est pas le cas lorsque l’on descend sur Kaysersberg ou Munster où règne le dialecte allemand. Il a été introduit par les légionnaires et les colporteurs romains voyageant sur la voie romaine qui traverse les Hautes Vosges. Une anecdote du temps de l’occupation de l’Alsace, durant 39/45, relate l’utilisation du welche comme langue secrète ; un instituteur d’Outre Rhin qui avait mal arbitré un match de football fut entouré par les enfants aux cris de : il o fô, il o fô, le mat’ d’école (il est fou, il est fou le maître d’école) Dans les années 1950, la population ne parla plus le welche aux enfants. A Orbey, point de départ du trail, le welche est à nouveau enseigné au collège et la messe y est dite en welche. On peut voir des autocollants de voiture : no n’vlo mi peud le patwé (en français : nous ne voulons pas perdre le patois). Orbey (en allemand Urbeis) se trouve à 20 km à l’ouest de Colmar dans la vallée de Kaysersberg et possède une population d’environ 3600 habitants. Lorsqu’ on vient d’Allemagne on traverse Kaysersberg. L’empereur Friedrich II (oui celui qui a eu cent enfants, voir l’article sur le marathon de nuit de Marburg) a acheté cette intéressante ville pour sécuriser la vieille route commerciale et lui donna son nom. Le territoire communal fait partie du parc naturel des Ballons des Vosges. Dans le sud de la vallée du Rhin on compte cinq montagnes qu’on appelle officiellement Ballon en Alsace (Grand Ballon, Petit Ballon, Ballon d’Alsace) Belchen en Forêt Noire et Jurabelchen en Suisse. Ces montagnes ont subi une forte érosion des glaciers qui les a arrondies à l’ère glaciaire. Les Vosges sont un rempart pour les masses d’air humides de l’Atlantique, c’est pourquoi il y avait ici d’énormes glaciers contrairement à la Forêt Noire. C’est la deuxième fois que le Orbey Running Club organise cette course. Ses membres sont des spécialistes absolus dans le trailrunning. L’inscription est de 20 € + 5 € et inclut la pastaparty, une donation de 5 € est versée au profit d’une association d’aide aux hémophiles (l’hémophilie étant une maladie du sang et non une déviation sexuelle).La page web de la course n’est écrite qu’en français sur le site trail du pays welche, elle est consultable en allemand sur le site de l’office de tourisme. Le formulaire d’inscription et le chèque de participation sont à envoyer à Orbey. La distribution des dossards se fait dans la salle communale d’Orbey. L’après-midi est libre, ainsi j’utilise ce temps à explorer la région jusqu’à la pastaparty du soir. Au cours de la première guerre mondiale, les Hautes Vosges furent le théâtre de luttes acharnées entre français et allemands. Lorsque demain nous gravirons les sommets des Hautes Vosges, nous traverserons les pires champs de bataille. Les allemands pensaient que les combats aux sommets présenteraient des avantages. Avant qu’ils n’aient tout leur matériel sur les hauteurs, les français avaient depuis longtemps eu connaissance des plans allemands et pris position sur les montagnes. Les deux côtés développèrent leur position ce qui aboutit à une guerre de position inutile dans les tranchées à quelques mètres seulement de l’ennemi. Avant Verdun 17000 soldats des deux camps sont morts au Collet du Linge (Lingekopf), dans ce secteur on trouve d’immenses cimetières militaires. Le champ de bataille sur lequel notre trail conduit est couvert d’arbres isolés et parcouru par des fossés creusés dans le gré. Les bunkers et les fils barbelés qui ont fermé le secteur se sont conservés jusqu’à nos jours. Le champ de bataille est une zone protégée. Des découvertes macabres ont été exposées dans un petit musée. En quittant ces lieux terribles pour descendre à Orbey, je tombe sur un troupeau de vaches qui apparemment n’avait jamais vu de voiture allemande. J’ai dû rire quand les bovins ont inspecté le capot et balancé de l’herbe mâchée sur la vitre latérale de mon véhicule. Environ quarante personnes participent à la pastaparty. Unique participant allemand, je suis considéré comme venant d’un pays exotique, pourtant je suis déjà connu par mon reportage sur le Marathon du Vignoble d’Alsace. Le terrain de camping est situé au dessus du point de départ. Devant ma tente, un seul ver luisant femelle brille, comme il fait trop froid cette nuit, il restera seul. A la radio, on annonce qu’il faut observer le ciel, et effectivement on voit passer un gigantesque ver luisant. C’est l’ISS avec 6 membres d’équipage qui commenceront dans peu de minutes une manoeuvre de liaison. Le poste de liaison est comme un petit ver luisant nettement perceptible sous l’ISS. LA COURSE Départ dimanche matin 8 heures. Je ne peux pas dire que la pluie m’a réveillé car les cloches de l’église ont sonné toutes les quinze minutes pendant la nuit. Ainsi, c’est sous la pluie que je me rends à la salle communale. Là je rencontre Christian, c’est à lui que je dois la découverte de cette course : lors du Marathon du Vignoble d’Alsace, il a couru avec un accordéon, ses copains de courses étaient magnifiquement vêtus (référez-vous au reportage) et filèrent devant moi en allure cinq (5er Schnitt dans le texte original ce qui signifie de courir un kilomètre en cinq minutes) tout en fredonnant un répertoire de chansons françaises. J’aurais pu parier ma grand-mère que ces gars n’arriveraient jamais. Mais j’aurais perdu mon pari. Il y a donc de ce côté une vie de fous « il o fô, il o fô ». Effectivement, il existe en France une culture des courses de trail (raid) et ces raiders appartiennent aux meilleurs du monde. C’est pourquoi, l’année dernière, plus de 200 coureurs ont participé au première trail du pays welche. Christian participera en novembre au marathon des Oasis en Tunisie d’une durée de cinq jours organisé par notre compatriote Stéfan Schlett. Il me présente encore un autre fou : Mickael le barbu, qui s’est rendu aux jeux olympiques de Pékin l’année dernière à vélo. Cela lui a pris cinq mois ! Il o fô, il o fô. Je me sens à l’aise parmi tous ces fous. Nous sommes sous un passage en regardant en bas quand résonne le coup de départ et que font-ils tous ? Ils se retournent et courent vers le haut ! Evidemment ! C’est une course de l’Extrême ici ! Cinq cents mètres dans la ville ensuite une ascension raide ! Il nous faut 22 minutes pour les 2 premiers kilomètres ! Nous sommes en nage. Comme il faisait froid et pluvieux, j’avais mis des habits de rechange dans mon sac à dos. Oui, le sac à dos est indispensable ! Il n’y a que quatre points de boissons et deux points de ravitaillement. Il faut prévoir en partie son propre ravitaillement pour cette course. Une attestation médicale, un litre d’eau à emporter, un sifflet d’alerte et une couverture de survie sont demandés à chaque participant. Sans sac à dos cela n’est pas possible. Le flexible d’eau de mon sac est crevé, 2 litres d’eau trempent les habits. Scheisse ! Deux kilos que je dois porter et plus rien à boire ! J’ai loupé le premier point de distribution d’eau, ce n’était qu’un abreuvoir. Le trait est extrêmement dur. D’Orbey, le départ se situait à cinq cents mètres d’altitude. Ensuite, l’ascension dure deux heures en passant par les « Wackelden Steinen » qui longe les vestiges du glacier le Rain des chênes culminant à 935 mètres. En passant par la Tête du Linge (champ de bataille) au dessus du col de Wettstein, 300 mètres de descente, ensuite plusieurs montées et descentes raides jusqu’à près de 1300 mètres pour monter au rocher Hans. Ici au kilomètre 25 nous atteignons le plus haut point, à partir de là, le retour se fait vers Orbey en passant par cinq sommets d’un dénivelé total de 2200 mètres qu’il faudra aussi redescendre. Le parcours présente toutes sortes de difficultés : des racines, du taillis, du rocher et beaucoup de pierres, des pierres, des pierres et encore des pierres, des pâturages, de la gadoue jusqu’aux chevilles et des bouses de vaches. Une difficulté n’existe pas : on ne peut pas courir ! Trop raide pour monter, trop rocailleux, trop boueux, trop raide pour descendre et toujours ces rochers ! Et les douleurs ! Après deux heures j’ai parcouru exactement douze kilomètres. Sur le côté ouest de la ligne des sommets des Vosges se situe la route des Crêtes qui est une route militaire construite par l’armée française comme chemin de repli utilisé en cas d’invasion des allemands venant de l’est. Contrairement à la plupart des autres routes, celle-ci n’est pas une liaison entre villages. C’est une des plus belles randonnées de motards au monde. En hiver, la route des Crêtes n’est pas déneigée et se transforme en piste de ski. Dans cinq jours, le Tour de France passera ici, venant du col de la Schlucht, et descendra vers Munster. Un spectateur, debout dans les alpages, nous dit que cela va être très dur maintenant. Des pierres ! Beaucoup de pierres dangereuses, je n’y aurai pas pensé ! Je répare mon flexible d’eau. Il y a un point d’eau. Je suis sauvé, car sans eau on n’y arrive pas. Enfin, je peux contempler ce paysage grandiose : les grasses prairies, les gentianes et les orchidées, la vue sur les sommets enneigés des Alpes Bernoises, les joyeuses sonnailles des cloches des vaches, c’est magnifique. C’est le lac des truites que nous atteignons en premier. Je demande à trois pêcheurs s’ils font aussi du sport. Rires jaunes, car maintenant cela devient faramineux. Il faut franchir les crêtes alpines. Je suis en manque de sucre. Un vent glacé et la pluie balayent les hauts pâturages. Nous n’avons pas encore fait 18 kilomètres. La descente de deux kilomètres a un dénivelé de 300 mètres. Cela fait mal. « Lac noir par groupes de rochers, difficile ». Cela n’est pas exagéré, et la descente qui suit en flèche à travers des décombres de rochers sauvages et probablement la section la plus difficile de la course. Je perds mes derniers ongles des orteils, je plie, je tombe. Le lac noir apparaît presque bienfaisant. Une petite route d’accès aboutit à la rive. La façade défraîchie et blanche d’une usine électrique se reflète dans le lac, dont le reflet de l’eau apparaît effectivement noir. A travers les rochers, les canalisations d’eau mènent au lac blanc. En période de faible consommation électrique, l’eau est pompée vers le haut. Les rochers gris bleutés entourent le lac Blanc de formation glaciaire profond de 72 mètres. Des rochers nus aux inclusions de quartz illuminent le lac. Des galets détachés des parois tombent dans l’eau. La partie escalade commence réellement. Entre d’immenses blocs de roche, nous montons abruptement dans la forêt, où les nombreuses flèches de marquage sur les pins sont parfois difficiles à trouver. Plus nous montons, plus belle est la vue sur la vallée de Kaysersberg, les pointes des rochers se reflètent dans le lac, on aperçoit le château Hans ou rocher Hans que gravissent les alpinistes avec corde et piolet. Avertissements. Le temps devient alpin, les jambes tremblent, il fait froid. Celui qui a le vertige a des problèmes ici. C’est à quatre pattes que nous grimpons. L’heure avance. Nous pas. Une vue panoramique de 180 ° sur le domaine skiable, la vallée du Rhin, les Alpes, toute la région s’offre à nous. Quatre cents mètres plus bas. Les cuisses s’envolent. Mon pied glisse dans une fissure de la roche, je me cogne le tibia. Evacuation d’urgence ? Cela serait possible, il y a beaucoup de postes de secours. Mais il faut continuer ! Retour vers le lac noir. Située sur la paroi de la rive sous le pont de pierre nous longeons un passage spécialement préparé pour nous. Terrain dur. Et de nouveau le retour vers le lac Blanc. Ici un lac, là un lac ; monter, descendre ; je n’en peux plus. Il o fô, il o fô. Nous nous déplaçons, ces heures passées au-dessus de 1100 mètres ne doivent pas être sous-estimées. Le corps ne trouve plus d’énergie. Une véritable course de marathon n’est pas possible .De petits pas ; balançant à droite, à gauche, jamais tout droit. Je ne sais plus ce qui fait le plus souffrir : monter ou descendre. Il n’y a pas de comparaison avec les courses de montagne de Baerenfels de Westerwald ou de Biel. Les pierres te tuent ! Tu grimpes, tu freines, tu te cognes les orteils, tu tombes ou tu plies, tu plies les genoux et les bras, tu hurles de douleur quand tu touches une pierre, tu t’enlises dans la boue et tu te réveilles quand tu frôles une clôture électrique. Des nuées de mouches, des orties, des bouses de vaches, des ronces, c’est vraiment indescriptible ! Des ampoules, des crampes musculaires, la peau moulue, pas assez d’air, du soleil, de la pluie, faim et soif, des coups de soleil… Ja ! Geil ! Une fois de plus à la limite des efforts physiques. Une jeune fille me donne une poignée de myrtilles et ça continue… Plus haut on aperçoit la tour du Faudé, ça monte, inspirer, observer le panorama, ça descend. Mon calvaire dure plus de neuf heures. Il o fô, il o fô, nous sommes tous des fous. RESULTAT Le trail est super dur ! Le Orbey Running Club a fait du beau travail : le marquage était un gros travail, en plus de cela des layons dans les taillis et les mauvaises herbes furent spécialement taillés pour nous, c’est inimaginable ! Le parcours passe à travers bois, sous des clôtures, par des chemins inconnus, dans des pierres et dans des bouses de vaches. La population de la commune était sur le pied de guerre, pour sécuriser les croisements, pour indiquer la direction, pour nous motiver et pour nous soigner. Tous les randonneurs savaient que nous participions au trail, ils nous criaient : «bon courage ». Le trail c’est le top ! Et le plus important : ce n’était que 50 kilomètres, mais le Orbey Running Club a enfin réussi à tuer ce fou de Joe. Il o fô, il o fô. Danke.
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